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L’éducation pour la santé est souvent une volonté des puissances publiques et une déclinaison des politiques de santé publique. La question est toujours identique : comment favoriser l’efficacité des messages de santé ?

Pascal Gygax, de l’Université de Fribourg, a présenté une étude concernant la prévention en matière de tabagisme.

Qui a décidé de mettre ces messages inscrits sur les paquets de cigarettes ? C’est une commission de « personnes » qui décident ce que l’on écrit. Les termes choisis par cette commission sont basés sur l’intuition ainsi que sur des données existantes, celles qui proviennent des études réalisées à propos du tabagisme. Souvent, on ne dispose pas d’informations spécifiques pour un pays ou pour un langage, la commission utilise alors des données en provenance d’autres pays.

Pascal Girax a étudié la relation entre les expositions au message et le comportement d’un individu. L’efficacité du message s’analyse dans le processus de lecture, car il faut que la « personne réceptive » intègre les informations. Ensuite, il faut tenir compte du lien entre les attitudes et le comportement. Nous savons actuellement que des attitudes positives ne conduisent pas à des comportements positifs. Nous disposons de théories pour décrire le processus de lecture. Celles-ci nous apprennent que le système humain transforme l’information. L’homme crée des représentations qui sont de plus adaptatives. Il ne retient que ce qu’il a transformé.

Le travail expérimental de Pascal Gygax se résume à des tests de création de messages. L’expérimentation a eu lieu sur des élèves de 7ème  et 9ème année et 2ème  de gymnase de l’enseignement Suisse. La recherche est fondée sur des tests de psycholinguistique. On cherche à déterminer quelle est l’information qui a le plus de chance d’être traitée. Plusieurs questions en résultent :

–          Quelle est l’information ?

–          Quel est l’effet de la variation de la cible (effet négatif sur soi, sur les autres, pour l’exemple du tabac) ?

–          Quel est l’argument (effet de la sévérité, du temps, ou combien de temps dure le problème quand il survient) ?

–          Quelle est la dépendance de l’âge dans la sensibilité au message ?

–          Qu’est-ce qui se passe dans les représentations ?

–          Quel est le rôle des attitudes ?

–          Quel est l’impact des habitudes (forme de tabagisme, consommation d’alcool, fumeurs sociaux, attitudes envers le tabagisme) ?

L’étude a été réalisée sur la base de questionnaires standardisés ATS. American Thoracic Society (ATS) a mis au point en effet des questionnaires qui servent de référence dans ce domaine. Le résultat majeur de cette étude est qu’il n’y a pas de message qui fonctionne ! Pascal Gygax fait remarquer qu’il y a des difficultés à publier ce qui ne marche pas ! Il s’est donc intéressé à des points complémentaires.

En ce qui concerne la confiance dans l’arrêt de consommation de tabac, les jeunes pensent à plus de 90 % qu’ils sont en mesure de s’arrêter de fumer, mais beaucoup pensent qu’ils continueront toujours à fumer dans cinq ans. Pour eux, la fumée passive est plus dangereuse que la fumée active. La recherche des facteurs explicatifs procure davantage de résultats. La perception du risque donne un facteur de 50, contre 22 pour l’ivresse et 3 pour la consommation régulière d’alcool. Cependant, le plaisir de fumer conduit à un facteur négatif de 14, ceci étant lié au fait que les non-fumeurs considèrent que fumer procure du plaisir. Le fait de fumer ne produit pas d’effet sur la désirabilité sociale.

Les messages sont persuasifs pour ceux qui ne fument pas. La notion de plaisir de fumer est à revoir, et cela pourrait être une piste pour des messages futurs. La notion entre fumées actives versus fumées passives est aussi une piste à creuser, car les messages relatifs à la fumée passive ont été bien acceptés. Avoir déjà fumé une cigarette peut changer le traitement de l’information. Il en résulte que des stratégies en amont pourraient être envisagées.

Enfin, il faudrait également considérer l’adolescent en fonction de réseaux de comportements. À ce titre, je propose personnellement que l’on construise un concept pouvant reprendre ces phénomènes que sont l’alcoolisme et le tabagisme chez les jeunes.

Source :

Pascal Gigax est venu s’exprimer dans le cadre de la 2ème  édition du CongrEpsylon qui s’est déroulé le 5 avril 2013 au Corum à Montpellier. http://www.lab-epsylon.fr/. L’intervention de Pascal Gygax, Département de Psychologie, Université de Fribourg avait pour titre : « ‘La fumée tue’… mais les ados s’en fichent ».

Pour en savoir plus :

Site de l’université de Pascal Gigax :

http://www.unifr.ch/psycho/site/research/psycholinguistique/pages-personnelles/pascal-gygax